Interview de M. OUALBADET MAGOMNA,Directeur Pays/Programme de Sahara Conservation

Oualbadet Magomna a été ancien secrétaire général au Ministère en charge de l’environnement et est ancien conseiller du Ministre est désormais Directeur Pays/Programme/Pays de Sahara Conservation.

1. Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours et nous expliquer comment vous êtes arrivé à la Direction Pays de Sahara Conservation ?

Mon parcours professionnel a démarré avec le service civique d'enseignement pendant trois ans avant de m’envoler pour les études supérieures des eaux et forêts au Mali. Après cela, je fais des études en Agronomie Tropicale et en Foresterie rurale en France puis j’ai fait une formation de spécialisation en Pêche. Avant de devenir Directeur Pays/Programme de Sahara Conservation, j’ai occupé plusieurs fonctions au Ministère en charge de l’Environnement. J’ai été tour à tour, Chef de Service, Chef de Division avant d’être promu, Directeur Technique, Directeur Général des Ressources Forestières, Fauniques et de la Pêche, Secrétaire Général à deux reprises, Inspecteur Général du Ministère et conseiller du Ministre. J’ai été Coordonnateur des Projets au ministère.

« Dans le projet Oryx, l’objectif fixé était de faire revivre l’espèce dans son milieu naturel. Nous voulons dupliquer cette réussite dans toute la zone. Si nous réussissons à le faire, ça sera une satisfaction pour tous. »

2. Quels sont les projets phares mis en œuvre par votre institution ?

Sahara Conservation a mis et continue de mettre en œuvre trois projets au Tchad. Le plus connu est le Projet Oryx (actuellement la troisième phase) qui avait pour objectif de réintroduire les oryx dans leur biotope naturel, sur financement de l’Agence pour l’Environnement d’Abu Dhabi. Le second projet était le Projet d’Aménagement de Réserve de Faune de Ouadi Rimé - Ouadi Achim qui s’est clôturé en 2022, travail réalisé sur financement de l’Union européenne. Le troisième d’actualité, est le projet ALBIA (Projet d’adaptation locale et de changement climatique) sur financement de la Banque Mondiale qui court de 2020 à 2025.

3. Selon vous quelles sont les spécificités des projets que vous mettez en œuvre?

Il faut tout d’abord souligner la spécificité de notre zone d’intervention. La réserve de Ouadi Rimé - Ouadi Achim est un espace très vaste (78.000 km2 ) dans lequel cohabitent à l’état sauvage les plus grandes populations d’addax, oryx, gazelles damas et dorcas de la planète. Notre particularité est de mettre l’accent sur la réintroduction, contrairement à ce qu’on observe sur les autres aires protégées, qui font généralement de la protection des espèces locales existantes. Nous avons en particulier mené des expériences de réintroduction d’autruches. Nous agissons pour la restauration de biotope. En effet, la réserve est une vaste zone sujette à la dégradation, il faut tout faire pour restaurer le milieu et pouvoir abriter les espèces à réintroduire et/ou à protéger.

4. Quels sont vos défis ?

Les défis ne manquent pas surtout pour une activité comme celle-ci. La réserve de faune de Ouadi Rimé - Ouadi Achim abrite à la fois des animaux sauvages et domestiques, car c’est une zone de pâturage par excellence. La cohabitation des espèces sauvages et domestiques est un défi particulier puisque dans beaucoup d’aires protégées, les deux ne cohabitent pas. Notre défi majeur est donc d’assurer la conservation de cette riche biodiversité tant sauvage que domestique, et de mener une gestion rationnelle de toutes les ressources (habitat, paysage, biodiversité, etc.) de cette aire. Les autre défis sont l’appropriation par la communauté et le financement des activités.

5. Quelle est la réalisation la plus importante que vous espérez accomplir dans votre rôle actuel?

Le projet de réintroduction nous a permis d’avoir assez de résultats satisfaisants. En décembre dernier, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a révisé le statut de l’Oryx. Auparavant déclarée espèce éteinte à l’état sauvage, cette espèce est maintenant considérée comme espèce en danger. Dans le projet Oryx, l’objectif fixé était de faire revivre l’espèce dans son milieu naturel. Nous voulons dupliquer cette réussite dans toute la zone. Si nous réussissons à le faire, ça sera une satisfaction pour tous.