Le Parc Manovo en République Centrafricaine : une collaboration transfrontalière essentielle

Une zone immense et transfrontalière

D’une superficie totale de 17 400 km², le parc de Manovo Gounda Saint Floris est la plus grande aire protégée de la RCA. Il fait partie d’un plus vaste écosystème de savane au nord RCA de 125.000 km², s’étendant au Nord jusqu’au Tchad, composée d’un ensemble de parcs nationaux (Manovo Gounda Saint Floris et Bamingui-Bangoran), de réserve intégrale (Vassako Bolo), de réserve de faune (Aouk Aoukalé), de secteurs de chasse et de zones cynégétiques villageoises (ZCV).

Des menaces pour la faune

Créé en 1933, et inscrit depuis 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, il y a encore quelques années il était considéré comme un des parcs les plus riches en faune au monde. A partir des années ‘80 le parc a été soumis à un fort braconnage par la population locale mais aussi par des braconniers soudanais qui ont abattu en 30 ans plus de 35.000 éléphants, jusqu’à leur quasi totale disparition. Également, depuis 30 ans les habitats du Parc sont de plus en plus dégradés par la croissante présence de bétail. Bien que la région soit faiblement peuplée, les pasteurs nomades originaires de la région soudanaise de Nyala et du Tchad, avec 30 à 40.000 têtes de bétail, pénètrent chaque hiver dans le parc – étape de pâturage en saison sèche dans leur traditionnel parcours de transhumance..

 Vers la recréation de diversité

A partir de 1988, à travers différents projets, l’Union européenne a financé la protection du Parc de Manovo-Gounda-Saint Floris et des autres aires protégées du Nord RCA, en essayant d’impliquer les populations riveraines dans leur conservation et notamment dans la gestion de la chasse sportive à travers la création des ZCV en périphérie du parc. Mais les actions de conservation liées à une logique “projet” et à des cycles de financement de court terme, ont montré un peu partout en Afrique leurs limites. Un appui presque constant pendant 35 ans et l’investissement de centaines de millions d’euros, n’ont pas empêché une grande perte de la biodiversité. Ce travail a malgré toutaidé à gagner du temps, évitant la destruction rapide des écosystèmes et la perte complète de la grande faune de cette région. C’est ainsi qu’dun nouveau modèle de gestion des aires protégées du nord RCA est adopté: avec le soutien financier de l’UE, un accord de Partenariat Public Privé, d’une durée de 25 ans, entre le gouvernement de la RCA et WCS est signé en janvier 2019. Une nouvelle époque commence pour le parc de Manovo-Gounda-Saint Floris.

 Des priorités

Les priorités établies par WCS pour la renaissance du parc sont :

  • la reconstruction des infrastructures : bureaux et logements du personnel, routes, pistes d’atterrissage, réseau radio,….
  • la sécurisation d’une zone prioritaire au sud du parc,  identifiée sur base de la présence d’une faune résiduelle encore diversifiée. Pet progressivement l’élargissement de cette zone sécurisée à l’ensemble du parc. Pour que cette approche puisse fonctionner, des moyens de surveillance sont mis en place afin d’arrêter toute exploitation illicite des ressources naturelles (transhumance, braconnage, pêche et activités minières)..

La préparation d’un plan de gestion ou d’aménagement fonctionnel. Ce plan devrait prendre en compte les questions de zonage du parc et ses liens avec les Zones Cynégétiques Villageoises situées en périphérie, avec gestion participative et Plan d’aménagement de l’ensemble du territoire du nord-est.

Un aspect clé pour la protection et la relance de cette aire protégée est la collaboration transfrontalière établie entre WCS et African Parks, l’ONG qui gère le Domaine de Chasse de l’Aouk, situé au Tchad à la frontière avec la RCA.

L’objectif est de renforcer la lutte contre le braconnage à travers la création d’un réseau d’alerte précoce transfrontalier contre les incursions des braconniers soudanais et centrafricains.

Cette approche transfrontalière de conservation a pour objectif la reconstitution de la connectivité écologique dans la zone transfrontalière entre les aires protégées du nord RCA et le grand écosystème de  Zakouma au Tchad.